Comme gagner beaucoup d'argent et voyager aux frais de la princesse sans se fouler : devenir une «mule», soit un passeur de drogue en avalant des boulettes de cocaïne pour les transporter d'un pays à l'autre. C'est ce sujet qu'a traité l'auteure et la metteur en scène guyanaise Bérékia Yergeau dans sa pièce «Comme l'oiseau». Elle n'y fait pas l'éloge de ce «métier», bien au contraire ! «Comme l'oiseau» montre que derrière les mirages d'argent et de luxe, se cache la destruction et la mort.

Dans la pièce, un ménage de trois personnes : le père, la mère, et la fille. Cette dernière est une «mule». Un jour, le voyage qu'elle fait de Cayenne à Paris se passe mal : elle évacue les boulettes de cocaïne qu'elle avait avalées dans les toilettes de l'avion. Elle a perdu la marchandise et ceux qui l'attendent le prennent très mal et la séquestrent. La mère pour revoir son enfant doit devenir à son tour une «mule», au grand dam de son mari. Mais, voilà, être «mule» c'est comme une drogue. La mère en devient accro. Mais, le drame est si vite arrivé ; et le plus grave n'est pas l'éclatement de la famille.

L'auteure n'a pas utilisé de prose pour son texte. Elle a opté pour un texte en rimes, comme dans les slams, donc plus accessibles aux jeunes. Mais, est-ce que les jeunes et les moins jeunes sauront écouter cet avertissement ? Quand on leur offre une vie de luxe, ils pensent qu'ils sont éternels et en oublient que c'est la mort qui les attend au bout quand une des boulettes se fend et que la cocaïne est libéré dans leur corps.

Zouhour HARBAOUI